Cécile - Visite du centre Betania - Septembre 2008

Claudine, tu décris très bien ce qu'est le Centre d'Ankasina et c'est vrai que c'est un oasis au milieu de ce bidonville. Je partage tout à fait tes sentiments.

J'ai repris ci-dessous mon récit, qui est mieux approprié dans cette rubrique, mais je ne sais pas si je dois supprimer mon message précédent, je n'ai pas su faire un copier coller.

"J'ai eu la chance avec mon mari de passer 2 semaines de vacances à Madagascar. J'en ai profité pour aller rendre visite à ma filleule Bernadette, voici le récit de notre visite :

La veille de notre retour en France, donc Vendredi 26/09 nous prenons l’avion avec une escale à Tamatave sans problème. On atterrit et on demande à quel endroit nous devons nous rendre pour l’avion pour Tana qui devait partir 45 min + tard et on nous répond que l’avion a 3 h de retard !!! j’étais furieuse. Pas ce jour là où Sœur Brigitte nous attend ! Le comble c’est que l’on voyait l’heure du départ approchait et que personne ne nous disait rien, et bien on nous a encore annoncé 1 h de retard en plus, là j’étais anéantie !! J’ai dit à mon mari, tu vas voir, c’est rapé, on n’est pas près de partir et on ne pourra pas aller au Centre !

J’ai pu avertir la 1ère fois Sœur Brigitte des 3 h de retard, mais pour l’heure supplémentaire nous étions en salle d’embarquement et je n’ai pas pu l’appeler. Elle a attendu 1 h de + à l’aéroport. Comme je vous l’ai déjà expliqué nous sommes arrivés au Centre il était + de 16 h. Les enfants sortent des classes à 16 h 30, mais les petits sortent à 16 h. Donc juste au moment où ils sortaient.

Au fur et à mesure qu’ils sortaient de classes, ils s’attroupaient tous devant nous ! il était très difficile de pouvoir prendre des photos où filmer ! et ils voulaient tous en pris en photo !

Tout d’un coup, sans que je la vois arriver, Sœur Brigitte me prend par le bras pour me montrer une petite fille devant moi, que j’ai tout de suite reconnue ! Bernadette. Qu’est ce que je l’ai trouvée petite pour 8 ans, ma fille de 7 ans qui est plutôt de petite taille est plus grande qu’elle !

Au début, elle était très très intimidée, d’autant que tous les enfants étaient autour de nous ! Nathalie lui traduisait ce que je lui disais car elle ne parle pas encore bien le français. La seule chose qu’elle m’a dite en français c’est : « Merci beaucoup ! ». J’ai su que sa petite sœur s’appelait Cécilia, étrange ressemblance avec mon prénom. Nathalie m’a confirmé que c’est leur grand mère qui les élève et que les parents ne sont plus présents (je ne sais pas pour quelles raisons ?).

Au fur et à mesure, Nathalie essayait d’éloigner les autres enfants, très curieux c’est normal. Lorsque cela a été le cas, nous sommes allés à l’intérieur, chez Sœur Brigitte, et là j’ai pu lui donner tout ce que j’avais amené (en plus des sacs de vêtements) : une trousse remplie pour l’école, des feutres, des crayons de couleurs, une corde à sauter, des chouchous pour les cheveux, des savons, etc….. et une poupée barbie. Je ne peux pas dire qu’elle expression j’ai vu sur son visage car elle fixait l’ensemble des choses mais je pense avec beaucoup de tristesse, de crainte, d’interrogations, mais j’ai pu voir à un moment son visage s’illuminer quelques secondes avec un sourire et là ça été la plus belle récompense pour moi ! Sœur Brigitte en plaisantant lui a pris la poupée des mains en lui disant : « c’est pour moi la poupée ? » elle a regardé la Sœur avec un regard suppliant sans rien dire….

J’avais énormément de choses à lui dire, mais l’émotion, la barrière de la langue, vous pouvez imaginer que je n’ai pas pu lui dire tout ce que je voulais. Au moment de se séparer, elle nous a embrassé mon mari et moi, je voulais la prendre dans mes bras, mais je n’ai pas osé… on avait eu droit à un sourire et un bisou, il ne fallait pas que j’en demande trop, je l’ai tout simplement embrassé à nouveau…. Et Nathalie l’a raccompagné chez elle.


Au préalable, Sœur Brigitte nous a expliqué un peu le fonctionnement du Centre : 490 enfants sont scolarisés, malheureusement beaucoup de demandes affluent mais ils leur est impossible d’y répondre favorablement. Les cours sont du lundi au vendredi matin et après midi, mercredi matin inclus et les enfants rentrent chez eux après le déjeuner (c’est déjà ça).
Pour le déjeuner, ils font 3 services. Le réfectoire est grand mais pour faire manger presque 500 enfants, vous imaginez.

Pour conclure, car je commence à être un peu longue ( !), je pense que nous vivons dans 2 mondes complètement différents, nos vies sont incomparables, je dirais qu’en France (en général, je ne veux pas généraliser) nous vivons bien, nous pouvons (à peu près) nous faire soigner, nos enfants entre la nitendo DS, l’ordinateur, la télé, les activités extra-scolaires, et j’en passe n’ont pas trop à se plaindre et quelques fois j’entends les miennes me dire qu ‘elles s’ennuient !!! et bien ce que j’ai vu là bas est incomparable. Nous n’avons pas les mêmes préoccupations, les mêmes attentes, etc….. j’espère que vous comprenez ce que je veux dire.

Je reprendrais juste les paroles de J.Charles dans le forum d’ankasina qui expliquait « qu’il ne fallait pas se laisser déborder émotionnellement par notre parrainage. Que l’enfant fera sa vie quoi qu’il arrive dans son environnement et qu’il n’a pas réellement conscience de qui vous êtes et de ce que vous lui apportez »
J’ai eu la grande chance d’aller là-bas alors peut être que Bernadette a une vision plus concrète de sa marraine, je ne sais pas ???
Je pense qu’effectivement bien que l’on a envie de s’impliquer de + en + dans cet échange, on ne doit pas trop l’idéaliser….

J’ai envoyé un mail à Sœur Brigitte pour lui envoyer la photo faite avec elle et nathalie. Je lui ai dit que j’avais trouvé Bernadette bien triste et craintive. Elle m’a répondu qu’elle pensait qu’elle allait s’épanouir et qu’elle était très contente de la poupée !!!

Voilà, ce n’est pas évident avec tous ce que j’ai dans la tête de vous retranscrire ce que je ressent mais il était important que j’aille visiter le centre plutôt en fin de séjour, ça m’a laissé le temps de m’imprégner du pays et des gens. Je vous assure que depuis mon retour je relativise sur pleins de choses. Je sais pertinemment qu’en reprenant petit à petit ma vie ici, j’oublierai forcement des choses mais d’autres resteront ancrées pour toujours !

Voilà, je vais essayer d'inserer une photo, j'espère y arriver !
Amicalement."



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